Le gouvernement britannique est en train d’essuyer des démissions en cascade. Ils sont quatre ministres à avoir annoncé leur démission l’un après l’autre ce jeudi, dénonçant unanimement l’accord conclu avec Bruxelles pour que le Royaume-Uni sorte de l’Union européenne.
Une personnalité importante de l’exécutif, Dominic Raab, en charge du Brexit, a notamment décidé de quitter son gouvernement dirigé par la Première ministre Theresa May. La secrétaire d’Etat du Brexit, Suella Braverman, a également quitté le navire. Tout comme la ministre du Travail, Esther McVey, ainsi que Shailesh Vara, le secrétaire d’Etat à l’Irlande du Nord, une province du Royaume-Uni dont le sort est au coeur du problème soulevé par la question du Brexit.
Theresa May s’est exprimée devant la Chambre des Communes. « Le choix est clair, a-t-elle dit aux députés, nous pouvons choisir de partir sans accord, risquer qu’il n’y ait pas de Brexit du tout ou soutenir le meilleur accord négociable. » Mercredi soir, la cheffe du gouvernement britannique avait défendu le projet d’accord : « Il s’agit d’une étape décisive qui nous permettra d’aller de l’avant et de finaliser l’accord dans les jours à venir. Ces décisions n’ont pas été prises à la légère, mais je crois que c’est une décision qui est fermement dans l’intérêt national. »
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Nombreux obstacles
Reste maintenant à déchiffrer les 585 pages de l’accord de retrait. Le document prévoit notamment le maintien d’un territoire douanier unique avec l’UE, ce qui permettrait d’éviter une division entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Le texte détaille aussi les conditions et les conséquences du départ pour les citoyens européens vivant au Royaume-Uni. La question du financement de la sortie de l’UE par le Royaume-Uni est également soulevée mais sans que son montant ait été fixé. Le gouvernement britannique estime que l’opération devrait coûter environ 45 milliards d’euros.
« Les responsables européens retiennent leur souffle, commente Euronews. Si un projet d’accord est bien sur la table, les obstacles demeurent encore très nombreux. » Comme l’a rappelé le Français Michel Barnier, le négociateur en chef de l’UE chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni, « il reste beaucoup, beaucoup de travail. Je sais que le chemin est encore long et peut être difficile pour garantir un retrait ordonné, et au-delà d’une séparation ordonnée, construire un partenariat ambitieux et durable avec le Royaume-Uni ».
Ce jeudi, Donald Tusk, le président du Conseil européen, a pris acte de la décision de Theresa May, tout en la regrettant, et a réannoncé la convocation d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement pour le 25 novembre prochain à Bruxelles pour une validation de l’accord. « Je suis triste de vous voir partir », a écrit Donald Tusk sur Twitter, à l’adresse des Britanniques. « Je ferai tout pour que cet adieu soit le moins douloureux, pour vous comme pour nous. »
Let me say to our British friends: as much as I am sad to see you leave, I will do everything to make this farewell the least painful possible, both for you and for us. #Brexit
— Donald Tusk (@eucopresident) November 15, 2018
Sur son compte Twitter, le Britannique Nigel Farage, l’un des principaux artisans du Brexit, notoirement europhobe, s’est empressé de féliciter le ministre démissionnaire chargé du Brexit, et en a profité pour s’en prendre violemment à Theresa May : « Bravo Dominic Raab, encore quelques autres (démissions) et nous serons débarrassés de cette hypocrite Première ministre. »
Well done Dominic Raab, a few more and we will be rid of this duplicitous Prime Minister.
— Nigel Farage (@Nigel_Farage) November 15, 2018