Alors qu’ils enquêtaient sur les violences dans la région, les experts onusiens Zaida Catalan et Michael Sharp ont été assassinés dans le Kasaï, province centrale de la République démcoratique du Congo (RDC), en mars 2017. Plus de dix-huit mois plus tard, ce mercredi 28 novembre, cinq médias internationaux ont publié la première partie d’une enquête, les « Congo files », sur le meurtre de ces deux experts des Nations unies, où on découvre que l’ONU a été partagée entre découverte de la vérité et volonté de maintenir un compromis avec Kinshasa.
🔴 URGENT – «Congo files»: enquête exclusive de cinq médias dont RFI sur la mort de deux experts de l'ONU en RDC sur la base de documents confidentiels https://t.co/pgTWgxXNGW pic.twitter.com/txwL4aWaTS
— RFI (@RFI) November 27, 2018
L’enquête s’appuie « sur des milliers de pages de documents confidentiels des Nations unies » et revient sur le « rôle trouble » attribué à des « agents de l’Etat » congolais dans le meurtre des deux experts. Selon Kinshasa, la Suédoise d’origine chilienne Zaida Catalan et l’Américain Michael Sharp ont été tués dans le village Bunkonde par les miliciens « terroristes » Kamuina Nsapu, en rébellion contre les autorités entre septembre 2016 et mi-2017. Les deux experts enquêtaient sur les violences dans le Kasaï pour le compte du Conseil de sécurité des Nations unies.
Ces « Congo files » évoquent « les investigations poussées et semées d’embûches » menées par la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), la plus importante, la plus onéreuse, et l’une des plus anciennes au monde. « Les policiers d’Unpol (la police des Nations unies) naviguent dans une nébuleuse d’informateurs suspectés de manipulations et de double-jeu. Pour le compte de qui agissent-ils ? », lit-on notamment dans cette enquête publiée par RFI, Le Monde, Suddeutsche Zeitung, Foreign Policy et la télévision suédoise SVT.
La vérité est glaçante. 2 experts independants de l'Onu assassinés en RDC. Frilosité du siège UN de New York à connaitre la vérité et enqueteurs sur fausses pistes lancées par Kinshasa. #CongoFiles vertigineux travail de@soniarolley @rfi avec @lemondefr https://t.co/simxCg4vMs
— Eric Valmir (@ericvalmir) December 2, 2018
« L’organisation internationale se retrouve tiraillée par les divisions entre les partisans d’un compromis politique avec Kinshasa au détriment de la vérité et les tenants d’une enquête indépendante », écrivent les médias.
Ces derniers citent par exemple le cas d’un Congolais, Jean-Bosco Mukanda, qui « détaille l’assassinat des deux experts aux premiers enquêteurs des Nations unies ». « Très vite, ces derniers réalisent que leur informateur entretient des relations étroites avec les officiers locaux des Forces armées congolaises (FARDC) », écrit RFI. Le 1er mai, la police des Nations unies s’interroge dans une note confidentielle : « Jean-Bosco Mukanda n’est-il pas la même personne qui filme et parle sur la vidéo » de la mise à mort des deux jeunes experts ?
Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, « appelle les Nations unies à transmettre toutes leurs informations, y compris celles relatives à des agents de l’Etat, à la justice militaire congolaise » et « dément toute entrave », lit-on sur le site de RFI.
RFI rapporte par ailleurs aujourd’hui que la fédération qui regroupe les syndicats d’employés de l’ONU « demande une nouvelle enquête dans l’assassinat de Zaida Catalan et Michael Sharp ». Le CCISUA (Comité de coordination des syndicats et associations du personnel international du système des Nations unies) pointe des « irrégularités » dans l’enquête interne de l’ONU dans cette affaire. « Dans une lettre envoyée au secrétaire général des Nations unies, le président de cette fédération, Ian Richards, soutient que la nouvelle enquête doit être confiée à des experts qui ne relèvent pas des Nations unies », ajoute RFI.
N.B., avec AFP et RFI